Live abroad
Questions de vie

Se sentir chez soi en vivant à l’étranger

Alors que l’été indien a enfin laissé sa place à un automne humide et que les plaids d’hiver réapparaissent sur nos canapés comme une gourmandise réconfortante avant un film d’horreur, ce changement de saison a amené avec lui son lot de réflexions. Comme si avant d’entrer en hibernation, on faisait le bilan de cet été bien trop chaud.

Parmi ces pensées philosophiques (Spinoza sort de ce corps), il y en a une toute particulière qui hante mon quotidien depuis quelques jours, et qui a probablement perturbé celui de toute personne vivant à l’étranger :  la notion de « se sentir chez soi ». Tout a démarré par une simple vidéo Instagram apparue dans mon « scrolling » intempestif matinal et visionnée en boucle durant de longues minutes. En substance, le message était le suivant (vous me remercierez pour la traduction française) :

The day when you start living in another country, you are no longer a tourist or a traveller, but you are not a native either.

You are becoming something in between your old life and your new one, and it does not matter how long you go for or if you come back.

You will always be part of the collective of those who lived that unique experience and know all too well the feeling of belonging and not really belonging,

of living within the in between and knowing that feeling both homesick and at home, the comfort and the unknown can exist at the same time.

Le jour où vous vivez dans un autre pays, vous n’êtes plus un touriste ou un voyageur, mais vous n’êtes pas non plus une personne originaire de ce pays.

Vous devenez quelque chose entre votre ancienne vie et la nouvelle, et qu’importe la durée pour laquelle vous partez ou si vous revenez.

Vous ferez toujours partie de ce collectif qui a vécu cette unique expérience et qui connait trop bien ce sentiment d’appartenir et de ne pas vraiment appartenir, de vivre entre deux, d’avoir le mal du pays tout en se sentant à la maison, et que ces sentiments de confort et d’inconnu peuvent coexister ensemble.

N’importe qui ayant vécu une expérience à l’étranger ne devrait pas être surpris du message véhiculé, il est tellement vrai. Lorsqu’on part voir si l’herbe est plus verte ailleurs, on quitte un monde que l’on connait pour quelque chose de nouveau et d’abstrait. Un peu comme lorsqu’on change de travail : on sait ce que l’on quitte mais pas ce qu’on va trouver au sein de cette nouvelle aventure. Une fois sur place, on se sent constamment entre deux pays, un pied dans chaque culture comme en équilibre sur un fil qui menace de céder. On a l’impression d’être en vacances les soirs et weekends à découvrir les alentours tout en devant se dépêcher d’établir une nouvelle routine pour ne pas se sentir perdu(e). Il faut se créer un nouvel entourage social (pour ceux/celles qui le souhaitent) tout en entretenant l’existant pour ne pas le perdre. On se retrouve à exprimer de nouvelles idées, car notre point de vue à évoluer, au risque parfois de passer pour des illuminés tout en ayant perdu le droit, selon les autres, d’émettre la moindre critique envers la mère patrie que l’on a décidé de quitter, sans pour autant pouvoir s’exprimer ou voter dans ce nouveau pays de résidence. Et lorsqu’on revient au bercail, on doit accepter de se sentir un peu en décalage par rapport à nos proches (famille et/ou amis) qui ont continué sur une route dont nous avons pris la sortie.

Avec le recul, je conseillerais d’ailleurs davantage de préparer son retour que son départ, souvent beaucoup plus violent psychologiquement que l’inverse. Mais c’est un autre sujet. Alors, à force de regarder cette vidéo et de réfléchir aux sentiments que cela provoquait en moi, je me suis posé deux questions :

Qu’est-ce que cela veut dire « se sentir chez soi » ?

Est-ce qu’on se sent vraiment un jour chez soi ou est-ce que l’expatriation nous condamne à un sentiment perpétuel d’entre deux ?

Il y a probablement des endroits, des villes, des environnements ou un état d’esprit qui nous feront nous sentir plus chez nous que d’autres. Après dix-huit mois en Suisse, j’ai toujours ce sentiment doux/amer de ne pas être à ma place tandis que l’Angleterre m’a accueilli à bras ouverts alors que j’y déménageais sans attentes particulières. Le fait de faire des cartons de manière régulière ne permet pas non plus au cerveau, lui qui a tant besoin de structure et de visualisation pour se calmer, de se projeter de manière pérenne.

Mais est-ce que se sentir chez soi doit obligatoirement passer par un toit fixe, un lieu dans lequel on se projette sur une décennie ? Je ne crois pas. Evidemment, le logement dans lequel vous vous installez pour vivre à l’étranger ou non est important car il procure un certain confort, un point d’ancrage. Et on ne va pas se mentir : lorsqu’on vit dans un autre pays, on aura toujours cette sensation d’entre deux. On aura toujours un peu le « mal du pays » sur certains points (pas tous, sinon on serait déjà rentrés hein) et on se sentira parfois (souvent) en décalage. Je crois que lorsqu’on décide de partir, on sait que cela fait partie du lot. On ne le réalise pas au départ, mais la vie vous le fait vite accepter. 

Après presque six ans d’expatriation au total (le temps passe mon dieu !), dans trois pays différents, je suis certaine que cette notion de « chez soi » passe avant tout par les personnes avec qui vous vivez cette belle aventure parce que c’est grâce à elles que vous vous sentez « chez vous ». C’est grâce à elle qu’une bière en fin de journée n’a pas la même saveur, que les randonnées partagées vous donnent l’impression d’avoir déjà parcourues ces montagnes mille fois, que les soirs de match sont plus doux et que les jours de pluie sont moins moroses. Tous les soirs, quand je rentre et que j’aperçois le sourire de Mon Grincheux et la joie dans le regard de mon chien, j’ai l’impression de rentrer dans mon cocon alors que l’on déménage quasiment tous les trois ans. Je sais que c’est parce que je suis avec eux que je me sens chez moi. Et quand on accueille nos meilleurs amis ou la famille pour des vacances ou un weekend, je me fiche de savoir si c’est dans l’appartement de Londres ou de Zurich, l’important est de simplement pouvoir les recevoir dans notre univers et qu’on s’y sente tous bien. Le « must » étant bien évidemment quand vous avez la chance ultime de vous retrouver dans la même ville que certains ou certaines de vos plus proches (#bigup à Xav’ et Lambiche).

N’oublions pas que tout cela est propre à chacun, à notre rapport aux autres et notre vision de la vie, différente d’une personne à une autre. Et même si oui, on aura toujours une pointe de nostalgie, des questions et des doutes, le plus important est de se sentir en accord avec soi-même, que vous viviez constamment avec une valise ou que vous ayez construit la maison de vos rêves. Ici, on a choisi d’être ensemble, peu importe l’endroit. Après tout, est-ce que cela n’est pas l’essentiel ?

Et vous, qu’est-ce qui vous fait vous « sentir chez vous » ?

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5 commentaires

  1. Carlito a dit :

    Super article. C’est tellement vrai.
    Petite pensée pour la préparation du retour, le plus difficile.
    Mais quand tu ne rentres pas et que tu changes de pays directement, comme vous avez fait, est-ce pareil ?

  2. Merci beaucoup pour ton commentaire Carlito. Je dirais que le sentiment quand tu pars d’un pays pour un autre est encore différent. Car tu sais que tu fermes volontairement un chapitre qui ne se rouvrira peut-être pas (contrairement à si tu rentres dans ton propre pays) et que tu dois accepter de tout reconstruire de nouveau. J’ai ressenti le même type de nostalgie de quitter une vie que j’appréciais (pour de bonnes raisons) mais je n’ai pas eu la chaleur d’un retour aux sources, qui même difficile, reste réconfortant car on le connait. Et je crois que cette gestion de toute cette nouveauté qui a été le plus difficile émotionnellement parlant.

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