Questions de vie

Le temps, plus que l’argent. 

Je suis certaine que vous avez déjà entendu ou lu cette expression : dans la bouche d’un proche, sur votre feed Instagram ou bien encore à la télévision. Je ne dirais pas que c’est la phrase de l’année, mais presque. Pourtant, quand j’en parle autour de moi, j’ai l’impression d’être dans un microcosme de bisounours. On me regarde avec de grands yeux, s’inquiétant de savoir si je ne suis pas tombée dans une branche d’un “wokisme” revisité et de peur que je me mette à faire un potager pour vivre en marge de la société. 

Qu’est-ce que tu racontes, Laure ? Après tout ce que tu as accompli, après tous les efforts et les sacrifices pour être où tu en es, tu voudrais tout arrêter pour avoir “plus de temps” ?

Remettons les choses dans leur contexte : oui, j’ai dû bosser très tôt à côté de mes études (comme beaucoup), oui je me suis donné les moyens de réussir en travaillant (beaucoup) et en faisant des choix pas toujours évidents quand on est jeune, mais non, je ne veux pas tout arrêter (même si je comprends l’inquiétude). Je suis consciente dans le monde dans lequel on évolue et mon objectif est simplement de redéfinir les priorités. 

Car s’il y a bien quelque chose que j’ai appris après toutes ces années de dur labeur, c’est qu’il y a une chose que tout cela n’achètera jamais : le temps. Et l’on est tous logés à la même enseigne sur ce point, qu’on soit riche, pauvre, seul, en couple, etc. Le temps s’écoule de la même manière, à la même vitesse et parfois s’arrête brutalement en un claquement de doigts sans demander son reste. 

Peut-être que c’est la décennie de la trentaine qui me ramollit. Peut-être que mon idéal a changé (même s’il n’a jamais vraiment correspondu aux standards de la société). Sans oublier que 2023 a été la première année où j’ai eu peur du temps qui passe. Peur que tout disparaisse du jour au lendemain, que cette vie que j’aime et que j’ai construite se défile. Que je n’en profite pas. Et je me suis demandé pourquoi. Est-ce que ce sont les restes de mon congé de trois mois (pour lire mon retour d’expérience – cliquez ici) ? Est-ce que cela est une inquiétude plus profonde ? Est-ce que c’est normal de ressentir cela ?

Prendre le temps, ce n’est pas quelque chose qu’on nous apprend à l’école. Et quand je dis “prendre le temps”, je ne parle pas d’avancer étape par étape pour rendre quelque chose de qualité. Je parle de juste se laisser porter par la vie. Apprécier la lenteur du processus et apprendre à être patient. Au contraire, on nous presse, on nous dit de bien choisir sa voie, de faire tout vite, de remplir un tas de tâches dans un temps imparti puis d’avoir son premier C.D.-I. pour “sécuriser” le début de sa vie professionnelle. On nous dit que c’est important de bien gagner sa vie, que c’est dur, qu’il faut se donner pour réussir. Vivre sa fast life quoi. Et le rythme s’emballe comme une souris court dans sa roue en plastique. 

Mais moi, j’en ai assez de devoir toujours aller vite. J’en ai assez de devoir mettre des réveils, de regarder ma montre pour passer d’un rendez-vous à un autre, de me presser pour prendre un train, de devoir compter mes jours de congés et comment je peux les répartir pour voir un peu ma famille, mes amis et profiter de vacances avec mon chéri et mon chien. Quand tu vas vite, tu dois tout calculer. Et c’est bien, il faut le faire, je pense, à un moment de notre vie (dans notre vingtaine notamment). C’est formateur, c’est un défi et ça permet d’emmagasiner beaucoup. Et puis apprendre à s’organiser c’est nécessaire pour instaurer une certaine discipline. 

Maintenant, j’aimerais vivre une “slow life. Juste pour prendre le temps. Prendre le temps de faire les choses, sans regarder l’heure. Me lever quand mon corps le décide, voir mes proches aussi longtemps que j’en ai envie. Lire sans avoir à mettre un minuteur “parce que j’ai des trucs à faire”. Juste prendre le temps d’apprécier chaque instant, comme lorsqu’on coupe nos téléphones pour être pleinement dans l’instant présent. Comme lorsqu’on observe la mer les pieds dans le sable. Comme lorsqu’on écoute la pluie frapper sur les fenêtres pour bercer notre après-midi. 

L’argent contribue à une qualité de vie et à faciliter l’accès à certaines choses, c’est vrai. On ne va pas faire les langues de bois là-dessus. Et je m’estime déjà extrêmement chanceuse, car j’ai la chance de faire un métier qui me permet de gérer mon temps plus ou moins comme je l’entends. Mais l’argent que vous gagnez ne vous achètera jamais du temps. Il ne rattrapera pas les secondes perdues, les heures manquées, les minutes oubliées. C’est pour ça qu’il est aussi important de rêver en grand et de suivre ses envies. Car, quitte à les perdre, autant le faire pour quelque chose qui nous fait vibrer. 

Si vous avez des conseils, des livres, des vidéos YouTube à me recommander sur ce sujet, je suis preneuse. En attendant, j’essaye de construire ma potion magique. Je vous dirais si elle marche. Parce que je ne veux pas juste avoir une belle vie, je veux prendre le temps de la vivre pleinement. 

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