No-bra policy
Bien-être

Vive les nichons libres !

Seins, tétons, mamelons, poitrine, mamelles : autant de noms plus ou moins péjoratifs qui caractérisent une partie du corps avec laquelle on a tous une relation intime. Parce qu’ils nous ont allaités, parce qu’on les porte, parce qu’on les représente sur des œuvres d’art, parce qu’on les aime ou on les déteste.

Et malgré leur renommée internationale, les seins sont encore capables en 2022 de déchaîner des passions. D’ailleurs pourquoi est-ce que cela dérange tant de gens de voir des tétons pointés sous un vêtement ? Pourquoi beaucoup de femmes se sentent encore mal à l’aise à cause du regard des autres lorsqu’elles ne portent pas de soutien-gorge ? Pourquoi il y a des situations « socialement acceptées » pour certaines poitrines et pas pour d’autres ? Pourquoi doit-on encore expliquer que non, le fait qu’elle ne portait pas de soutien-gorge ne peut pas être considéré comme une circonstance atténuante à son agression ?

Ce sont des questions que je me pose beaucoup en ce moment. Tout simplement parce que j’apprends à vivre sans soutien-gorge. Non pas pour me battre contre un patriarcat quelconque, les dictats d’une société tournée uniquement sur le paraître mais simplement pour mon propre bien-être (même si l’un n’empêche pas l’autre, hein). Parce qu’après vingt longues années à en porter, dont une bonne quinzaine nuit et jour, mon corps a juste dit stop. Stop à cette sensation d’emprisonnement. Stop aux baleines en acier cachées. Stop aux bretelles qui font mal. Stop au bien-être des autres avant le mien.

Aujourd’hui plus que jamais, à l’heure où certains droits des femmes à disposer de leur corps sont remis en question (merci les Etats-Unis…), je pense qu’il est important de laisser les gens respirer. D’arrêter de sexualiser à outrance une partie essentielle du corps de la femme. D’arrêter de faire croire que parler d’eux est un péché pour ne pas offusquer les plus puritains d’entre nous. D’arrêter de faire chier les autres avec une partie du corps qui ne leur appartient pas.

Certes le combat n’est pas simple car les croyances limitantes de la société sont fortes et bien ancrées. Mais j’en ai assez de devoir faire passer la pression du regard des autres avant mon équilibre personnel. J’en ai assez d’être regardée comme un morceau de viande juste parce que je veux me sentir libre, en portant les vêtements que je veux comme je veux. Et j’en ai assez de devoir répondre à un standard qui n’est pas aligné avec mes valeurs.

C’est pourquoi j’ai décidé de laisser mes seins vivre leur vie. Ou du moins j’essaye. Car le chemin est tortueux. Il implique de (se) remettre en question, de balayer certaines idées reçues (non, ne pas porter de soutien-gorge n’est pas uniquement réservé aux « petits seins ») et de remettre la simplicité au cœur de la discussion.

Et face à cette nouvelle habitude, je me suis dit que je n’étais peut-être pas seule. Alors voici un article pour toutes celles et ceux qui seraient curieux/ses de comprendre pourquoi revendiquer des seins libres est important (de mon point de vue) ou qui seraient aussi en pleine hésitation pour sauter le pas. Peut-être que cela vous parlera, ou pas, l’important étant comme d’habitude de se poser des questions et de tenter d’éveiller (un peu) les consciences.

4 étapes pour rendre à vos seins la liberté qu’ils méritent

1 – La bataille du déni

Ah ce fameux copain le déni. Celui qui nous suit presque partout quel que soit le sujet abordé. Je pense d’ailleurs qu’il a passé un pacte avec notre égo pour travailler en binôme afin de contrecarrer notre cerveau à chaque fois qu’il commencera à remettre en question les fondements de certaines croyances.

Et c’est cette petite voix presque inaudible mais suffisamment convaincante qui vous répète en chuchotant que vous avez tort. Que bien sûr vous pouvez supporter plus de 12 heures ce morceau de tissu qui vous entoure le torse et vous remonte les seins pour faire croire qu’ils ne tombent pas avec les années. Que bien sûr c’est mal vu voire vulgaire de laisser entrevoir un téton sous un haut et que donc vous n’avez pas le droit de le faire. Que ce n’est qu’un simple mal de dos qui passera avec le temps.

Le déni existe généralement pour deux raisons. La première parce que la société fait en sorte de définir ce qui est acceptable ou non pour pouvoir vivre en communauté. On doit rentrer dans des cases afin de répondre à la norme et assurer une certaine entente entre les personnes. Et cela passe par des standards qu’on nous inculque dès le plus jeune âge : les seins qui tombent c’est moche, les gros seins c’est vulgaire, les petits seins devraient être refaits, les seins ne servent qu’à donner à manger à un bébé ou du plaisir à un homme, et j’en passe. La seconde, parce que c’est plus simple pour notre cerveau de suivre une norme préétablie que de remettre en question une situation au risque de se faire exclure du groupe. C’est ce qu’on appelle l’instinct de survie.

Donc forcément quand notre esprit commence à revoir ces exigences sociétales qui régissent son quotidien, le déni revient au galop pour nous rappeler de ne pas sortir du moule. C’est évidemment là où il ne faut pas lâcher. Car notre corps ne se trompe jamais. S’il ne supporte plus c’est pour une bonne raison. S’il nous fait mal c’est pour nous faire passer un message. S’il n’y arrive plus c’est que quelque chose doit changer. Alors on prend son courage à deux mains. Et on tente d’ouvrir son esprit à d’autres expériences pour s’assurer que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.

2 – L’audace de la première fois

Sauter le pas c’est souvent l’étape la plus dure. Parce qu’une fois que c’est fait, vous avez la réponse à votre question. Soit c’est positif et vous continuez dans une nouvelle voie, soit c’est négatif et vous revenez à votre ancienne habitude. Même si la nouveauté peut effrayer, la réalité est pourtant simple : vous n’avez pas grand-chose à perdre car dans le pire des cas vous revenez à une situation déjà connue.

C’est exactement le même raisonnement ici. Lorsque vous enlevez votre soutien-gorge pour la première fois et que vous vous baladez libre comme l’air sous votre haut, la réalité est que vous ne menez pas une bataille contre les autres mais pour vous-même. Car la subjectivité des gens qui vous entourent est complètement aléatoire. Vous n’avez et n’aurez jamais aucune maitrise de ce qu’ils pensent, quoique vous fassiez. C’est comme se battre contre le vent.

La vérité c’est qu’il n’y a pas un code particulier à respecter. Les petites poitrines n’ont pas plus de droits que les grosses poitrines et vice-versa. Ne pas porter de soutien-gorge n’est pas synonyme de vulgarité, c’est l’interprétation qu’en font les autres qui définit cela comme indécent sans vous demander votre avis. Avoir les seins qui tombent n’est pas non plus une aberration, simplement une réalité de la vie (prise/perte de poids, vieillesse, grossesse, opérations, maladie j’en passe).

Ce qui n’est pas normal c’est donc le jugement des autres sur une vie qui ne leur appartient pas et non le fait que vos seins soient visibles. Ce sont les croyances des autres qui viennent se heurter à votre vision de la vie. Ce sont eux qui viennent faire peser sur vous le poids de leur interprétation des choses sans votre consentement. Cela ne requiert en aucun cas de votre part une obligation de vous adaptez si vous ne le souhaitez pas. Car c’est votre vie et vous en faites ce que vous voulez. Comme disait John Stuart Mill « la liberté des uns commence où s’arrête là celle des autres ».

3 – Le courage de la répétition

Alors comme vous ne pouvez pas contrôler la réaction des gens, travailler sur votre propre perception doit être votre priorité. Commencez par laisser vos seins vivre leur vie sous vos vêtements, dans des environnements où vous vous sentez à l’aise et en confiance. Allez-y progressivement et selon vos envies sans vous forcer. Tout vient à point à qui sait attendre.

Il n’y a pas de secret. Pour prendre l’habitude de faire quelque chose il faut répéter l’action encore et encore. On nous le rabâche tout au long de notre scolarité, de nos expériences professionnelles, dans notre vie en général. C’est basique, évident, plein de bon sens mais c’est la réalité.

Plus vous allez multiplier les situations où vous laisserez vos seins ne plus être enfermés dans un quelconque carcan, plus vous allez vous y habituez. Faites deux heures par-ci, deux heures par-là. Une soirée pendant le week-end ou juste devant un film. Et vous verrez que plus vous le ferez, plus vous y prendrez goût. Et plus vous vous détacherez du regard des autres.

D’ailleurs, point important à rappeler : ce n’est pas parce que vous avez décidé de ne plus porter de soutien-gorge (de manière ponctuelle ou pérenne) que cela veut dire que vous fustigez la lingerie. Loin de là. On peut très bien apprécier la belle lingerie, la dentelle, les dessous sexy sans pour autant en porter tous les jours. Ce n’est pas contradictoire et au contraire, je dirais même que cela a un effet bénéfique. Parce que vous en porterez moins, vous la porterez mieux. Vous choisirez très certainement des manières plus nobles, des ensembles plus adaptées à votre morphologie et (croisons les doigts) des ensembles beaucoup plus éthiques. Comme quoi, vivre les seins à l’air est bénéfique sur bien des points.

4 – L’acceptation de soi

Tout le débat autour de cette tendance du « no-bra » reflète probablement un pan important de l’acceptation de soi. Car ne plus porter de soutien-gorge, laisser ses tétons apparaître sous un vêtement ou simplement faire du « top less » à la plage revient à accepter une partie de son corps t’elle qu’elle est sans avoir peur de la rendre visible aux yeux des autres.

C’est être suffisamment en confiance avec soi-même pour s’émanciper du regard d’autrui, de leur jugement et de leur vision. Cela ne veut pas dire qu’on sera imperméable à leurs remarques (car les cons existeront toujours) mais qu’on se connaîtra suffisamment pour défendre ses idées et ses convictions, et laisser couler les commentaires non constructifs de personnes qui projettent leur propre peur. C’est également se faire passer en priorité et apprendre à s’aimer tel que l’on est. Et c’est le socle d’une vie équilibrée, saine et sereine.

Et vous, vous êtes adeptes du « no-bra » ?

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