Chère Londres,
En marchant ce matin dans les herbes hautes de Richmond Park tout en regardant la Tamise, mon cœur a été envahi par la nostalgie. Tu sais, ce petit brin de souvenirs qui te remémore en quelques secondes ta vie. Et les larmes me sont montées en réalisant que j’allais te quitter.
L’effervescence des derniers jours, notre absence au soleil et l’excitation m’ont fait presque oublier ce que cela signifiait. Pourtant, notre séparation n’a rien de triste, bien au contraire. Ce n’est ni une rupture, ni un déchirement, ni même un soulagement. On est juste arrivé au bout du chemin, comme deux amies qui se soutiennent, s’accompagnent et se quittent avec affection.
Et c’est ce que je ressens lorsque je pense à toi. De l’affectation mais surtout de la gratitude. Pendant presque quatre ans, tu m’as donné tout ce dont j’avais besoin sans rien demander en retour. Tu m’as donné une qualité de vie incroyable, moi qui n’avait presque connu qu’un Paris infernal. Tu m’as permis de réapprendre à apprécier les grandes métropoles et à vivre sans l’angoisse d’être agressée par les gens, le bruit ou les odeurs. Tu m’as appris à replacer ma santé mentale au centre de mes priorités. Tu as donné à notre chien la meilleure version de ce que pouvait être une ville “dog-friendly”. Tu nous as fait nous sentir chez nous alors que nous n’étions que de jeunes étrangers en recherche de nouveaux horizons.
Alors merci. Merci d’avoir été une si belle surprise, moi qui ne m’attendait à rien en te rejoignant. Merci de m’avoir accueilli à bras ouverts, sans restrictions ni préjugés, moi qui pourtant vient d’un pays avec qui tu es en guerre depuis si longtemps. Merci de m’avoir aider à grandir et à mûrir. Merci de nous avoir accompagnés dans les bons comme dans les mauvais moments.
Mais surtout, merci d’avoir rendu cette aventure si belle et si joyeuse. Je n’oublierai jamais les nombreux kilomètres de marche engloutis par nos proches pour leur montrer ta beauté. Je n’oublierai jamais nos balades hebdomadaires à Kensington Gardens, nos soirées à rire dans nos restaurants favoris, la Bakerloo Line non climatisée, le carnaval de Notting Hill, les après-midis à longer les canaux ou encore tes musées gratuits.
J’ai tellement de souvenirs qui me font sourire qu’il m’est presque impossible de tous les lister. Résumer cette vie serait de toute manière bien trop difficile en quelques lignes tellement elle a été riche en émotions. Alors je vais m’arrêter là car je t’ai promis de ne pas pleurer.
Merci d’avoir été une si belle aventure.
Avec tout mon amour,
Gomina.
